Qui de l’acteur ou du rôle va dévorer l’autre ?

Un acteur qui doit jouer Falstaff dans Henry IV de Shakespeare se révolte dans sa loge avant d’entrer en scène contre ce personnage qu’il ne peut plus supporter.

Il ne supporte plus de disparaître derrière ce tas de chair et de roublardise ;

Sa révolte, son soliloque, est entrecoupé du souvenir d’une relation amoureuse avec une comédienne qui s’est achevée de façon funeste. La frontière entre la vie privée du comédien et la scène est parfois confuse et son franchissement peut être cause de malheur.

À cette confusion s’ajoute la voix du régisseur lui signifiant régulièrement le temps restant avant l’entrée en scène. Le temps qui se raccourcit le rapproche de la représentation comme il nous rapproche de la mort : inéluctablement.

Le théâtre est un lieu d’exécution publique, et l’acteur s’exécute lors de la représentation ; il en renaît à chaque fois.

Sur fond de solitude, de manque d’amour, de peur de la mort, l’acteur va fuir vers la représentation qui, même éphémère, est la seule façon de vivre pour lui.

La première phrase du spectacle : « Qui peut donner sa bénédiction à l’acteur sinon le public ? »

La dernière phrase : « Toute la vie n’est qu’une farce ! »